Et le Soleil couvrira l'horizon de ses ailes
- Robert Hamel
- 5 juin
- 2 min de lecture

Et le Soleil couvrira l’horizon de ses ailes. Et le ciel deviendra une fresque orange et bleue. Et la mer sera baignée de lumière. Et les poissons danseront. Ils seront heureux. Comme poissons dans l’eau. Et le bateau tranchera la mer. Et le capitaine veillera sur les matelots. Comme un bon père sur ses enfants. Et les sirènes chanteront. Et l’amour sera hissé au grand mât. Et les hommes seront ivres de bonheur. Et la vague caressera le rivage.
Et la Terre racontera son histoire. Et la rumeur du bonheur de la mer parviendra jusqu’à la campagne. Où des enfants rieurs inventeront un autre monde. Et lui donneront ton nom. Pour se rappeler. De toi. De ton passage. Et du jour où tu as illuminé le monde. Et ce monde aura tes yeux. Ton rire. Et ta voix.
Et loin, très loin de la campagne, la ville s’agitera. Des hommes et des femmes se presseront. Certains, les uns contre les autres. D'autres se presseront tout simplement. Sur les trottoirs, dans les bus et les métros. Et des klaxons impatients crieront. Tandis que des feux de circulation leur en feront voir de toutes les couleurs.
Et de grands oiseaux de fer sillonneront le ciel. À la recherche d'autres terres, ils enjamberont les mers. Des ascenseurs monteront. Pour mieux redescendre. Comme la poussière. Et remonteront. Dans l’espoir d’effleurer le ciel.
Et Sisyphe rushera toute la journée sur son rocher. Jusqu’à en perdre la boule. Jusqu'à se perdre parmi la foule.
Et le Soleil poursuivra sa course. Jusqu’à ce que nos ombres disparaissent sous nos pas. Inlassables, nous poursuivrons notre marche. Et la marche du temps construira un escalier. Et le sablier se videra de son sable. Et l’après-midi s’étirera comme nos ombres sur le trottoir. Et le travail se terminera comme il aura commencé. Sans bruit.
Et viendra l’heure joyeuse où nous aurons soif. D’ivresse. D’ailleurs. Et d’autre chose. Nous aurons soif de corps célestes. Jusqu'à leur chute.
Et je rentrerai chez moi en sifflant. Et je tournerai la clé dans la serrure. Et j’ouvrirai la fenêtre. Et j’écouterai le chant de l’oiseau. Et je battrai la mesure du possible.
Et j’ouvrira une bouteille. Et je remplirai mon verre. Et je savourerai la première gorgée. En la gardant longtemps dans ma bouche. Avant de l'avaler. Et je m’installerai au clavier. Et je lèverai les yeux vers l’horloge. Et je penserai à toi. Et j’écrirai:
«Et le Soleil couvrira l’horizon de ses ailes…»



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